Très mal référencée -au grand désespoir des bénévoles qui s’occupent de sa sauvegarde - par le programme officiel des Journées du Patrimoine 2011, la chapelle romane du village de Vernais, dans la région de Charenton-du-Cher, mérite une attention toute particulière.
Située dans un cadre préservé sans affreuse construction normalisée pour miter la perspective sur l’ensemble villageois qu’elle occupe, cette petite église datée du XIIe siècle présente des particularités assez exceptionnelles.
Le visiteur se trouve face à une des prieurales les mieux conservées de la région. Si les prieurés étaient légion dans les campagnes -on en comptait presque un par village- beaucoup ont été complètement effacés du paysage monumental médiéval. Quoique incomplet, celui de Vernais a eu la chance de conserver en bon état plus de la moitié orientale de son ancien espace cultuel. Le calcaire, légèrement ocre, qui a été utilisé pour sa construction, provient des mêmes carrières qui ont été exploitées pour la construction de la celle grandmontaine de Fontguedon et du prieuré de Drevant. Possession de l’abbaye bénédictine Notre-Dame de Charenton, ce monastère témoigne de l’importance des domaines que le moniales possédaient dans cette partie du Boischaut depuis au moins 1147, date du plus ancien acte concernant Vernais conservé par les Archives départementales du Cher.
L’autre particularité de ce monument est l’existence d’un ensemble de fresques assez surprenant, dont la pièce majeure est un couronnement de la Vierge occupant le plafond de l’abside. Un calendrier, dont l’exécution rappelle celui de Paulnay, dans l’Indre, est encore partiellement visible. Toutes ces peintures sont datées du XIIIe siècle.
Je partage la frustration des membres du groupe qui travaille à la conservation du prieuré, car il est évident que Vernais ne se montre pas sous son meilleur jour. Les peintures murales sont soit envahies de moisissures, soit dissimulées sous un badigeon de chaux. Le calendrier, dont on ne distingue bien que deux mois, pourrait bien être complet sous son enduit. Des réaménagements post-révolutionnaires qui défigurent l’extérieur ne demandent qu’à être réduits pour restaurer l’intégrité de la perspective.
Même si je suis parfaitement conscient que la majeure partie de mes billets sur ce blog n’a qu’une valeur incantatoire, il me semble qu’il n’y aurait rien d’absurde à engager un peu d’argent public, faute de mécène, pour la mise en valeur d’un monument qui s’inscrit à part entière dans un riche patrimoine roman apprécié des visiteurs.
Les habitants de Vernais parlent eux-mêmes de leur patrimoine à l’adresse suivante:
http://vernais.free.fr/