L'abbaye cistercienne de Bellaigue (63)

Moins médiatisée que d'autres monastères du même ordre, l'abbaye cistercienne de Bellaigue, au nord du Puy-de-Dôme, mérite toute notre attention.
Si je prends l'initiative d'en parler sur un blog consacré au Berry médiéval, c'est que cette communauté a pesé sur l'histoire du diocèse de Bourges, à la fois en possédant des terres en Boischaut, par ses abbés qui sont cités dans des chartes berrichonnes, et pour avoir servi de modèle aux relations qu'a entretenues Noirlac avec l'abbaye féminine de Bussière. Bellaigue n'est donc pas complètement hors-sujet dans ces pages.

Je ne rappellerai que brièvement ses origines. Primitivement prieuré de l'abbaye bénédictine de Menat, le monastère s'est réformé dans la première moitié du XIIe et a suivi la règle de Cîteaux. Il a ultérieurement servi de nécropole aux seigneurs de Montluçon. Il y a une trentaine d'années, le site faisait peine à voir. Mise hors d'eau par des plaques de tôle ondulée, l'abbatiale gardait des traces de sa fonction agricole héritée des mauvaises années de la Révolution française. Le lieu n'était pas abandonné, mais était ouvert à tous vents.
J'attendais depuis longtemps d'y retourner jusqu'à ce que l'occasion se présente au cours du dernier hiver.

Bellaigue a retrouvé sa fonction monastique et est aujourd'hui occupée (peut-être même propriété?) d'une congrégation de moines noirs qui a remis les lieux en ordre. L'accès à l'abbatiale, longtemps impossible, est désormais autorisé sous réservet de ne pas déranger les Bénédictins dans leurs prières. Si tout l'édifice ne peut pas être visité à cause de la clôture monastique - les gisants du XIIIe ne sont pas visibles librement -, les amateurs d'art roman ne sont pas complètement lésés. Une bonne partie de la nef est ouverte et restaurée de façon sobre. On peut circuler librement dans les premières travées et approcher les chapiteaux de granit qui forment une des particularités du monument.

On ne peut que recommander au visiteur de s'attarder dans cette belle abbaye des Combrailles qui s'inscrit parfaitement dans le patrimoine cistercien des régions du Centre de la France.