A plusieurs reprises, j'ai pu lire des comparaisons entre la cheminée sarrasine du château de Bannegon, dans le Cher, et celle de l'abbaye de Fontevraud, dans le Maine-et-Loire. Comme souvent, une visite sur place m'a confirmé que les auteurs se copiaient les uns sur les autres, sans chercher à vérifier la qualité de l'information qu'ils relayaient.
Le dispositif visible à Fontevraud, presque intact, est infiniment plus élaboré que ce qu'on peut découvrir dans le château berrichon. Il ne s'agit pas d'une cheminée unique, mais d'un système d'évacuation des fumées des cuisines monastiques reposant sur le principe de la cheminée sarrasine -un feu au milieu d'une pièce, une ouverture dans le toit- avec plusieurs puits d'évacuation disposés autour d'une pièce centrale flanquée de huit absidioles servant de foyers secondaires. Il semble même que ces absidioles n'étaient alimentées en bois que les jours où le tirage était favorable selon l'orientation des vents.
Au sol, le plan n'est pas très différent de celui d'un chevet d'église; en élévation, l'articulation des voûtes pour capter les fumées est tout à fait remarquable. Je n'ai pas pu apprendre sur place si ce lieu pouvait aussi servir de fumoir pour la viande et le poisson.
Sur le toit, des clochetons couvrent les souches de cheminées, pour éviter l'entrée de la pluie et de la neige. Ces cuisines sont, bien entendu, au contact direct avec le réfectoire et un puits extérieur large et semble t-il très profond.
© Olivier Trotignon 2014