Mes confrères limousins ne m’en voudront pas trop, j’espère, de venir prospecter leur territoire car l’affaire était trop tentante. Préparant un article pour la revue Berry magazine, j’avais cherché des références de pierres tombales médiévales pour les comparer avec celle conservée par le musée municipal de Saint-Amand-Montrond, dans le Cher. C’est ainsi que je découvrais les références d’un gisant visible dans l’église de la commune de Maisonnisses, à une quinzaine de kilomètres au sud de Guéret.
Ce monument funéraire, dans un remarquable état de conservation, semble dater du XIVe siècle. La pierre repose au ras du
sol, protégée par la voûte d’un grand enfeu et recouvre, selon toutes vraisemblances, la sépulture d’un chevalier de l’Ordre de Malte inhumé dans un sarcophage gravé d’une épée et de
l’emplacement d’un blason autrefois fixé sur le flanc de la cuve sépulcrale. Une autre tombe était disposée à ses cotés. Une troisième sépulture, fermée d’une dalle gravée d’une croix, est
visible devant l’autel.
Dans ce pays de granit, on note immédiatement que le gisant de Maisonnisses a été sculpté dans un calcaire d’importation
très fin, ce qui a permis à l’artiste de faire figurer de minuscules détails comme des rides sur le visage du chevalier et le cordon noué sous son menton pour maintenir son bonnet. Porteur de
gants et d’un grand manteau, le mort, les mains croisées sur la poitrine, a les pieds posés sur un chien, expression de son statut chevaleresque. Comme ailleurs (Saint-Amand-Montrond,
Gargilesse), le chien a été mutilé, comme si les iconoclastes avaient respecté le défunt mais stigmatisé la noblesse dont il était membre.
Ajoutons que la visite de l’église permet la découverte d’une crypte latérale et donne des informations utiles sur la commanderie à laquelle appartenait l’homme dont l’image est figée dans la pierre.