22 janvier 2015
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Il n'existe en Berry aucun musée consacré à la période médiévale. Peu d'objets sont visibles dans la région, en partie parce que les fouilles n'ont jamais livré que peu de pièces exceptionnelles, en partie parce que l'époque où les vitrines débordaient de matériel est révolue. Il est donc intéressant de signaler quelques découvertes remarquables comme cette très belle plaque-boucle de ceinture mérovingienne exposée au musée de l'hospice Saint-Roch d'Issoudun. L'ornement a la particularité d'avoir été exécuté dans une matière fragile, l'os, qui se conserve beaucoup moins bien que les parures métalliques de la même époque, comme on peut en voir au musée du Berry à Bourges.
Les traces d'oxydation à la surface de la plaque signale l'existence de rivets en cuivre ou en alliage cuivreux destinés à fixer la partie la plus décorée sur le cuir. L'autre extrémité de la ceinture coulissait dans le second élément, permettant d'adapter la longueur de la sangle à la corpulence de l'individu qui la portait. la liaison entre les deux plaques d'os se faisait à l'aide d'une tige de métal, qui semble ici avoir disparu. Le grand ardillon, sans doute en os, n'a pas non plus été conservé.
On remarque que l'artisan qui a orné cette plaque boucle a suivi les codes iconographiques de son temps. On distingue un griffon, comme on peut en voir sur le sarcophage mérovingien dit de saint Chalan, provenant de Charenton-du-Cher et exposé au musée du Berry. L'autre élément significatif est une croix stylisée, référence inspirée du christianisme embrassé par l'aristocratie mérovingienne, à laquelle ce genre de parure était probablement destinée.
© Olivier Trotignon 2015
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2 octobre 2013
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14:32
Sachant l’intérêt que beaucoup de gens portent aux manifestations concrètes de la société médiévale que sont les monuments historiques et les musées, j’ai tenté, depuis quelques mois, de parcourir toutes les collections publiques régionales pour me faire une idée de la richesse de leurs contenus. Après avoir franchi les portes des musées de Bourges, Moulins, Saint-Amand, Issoudun et Huriel, et en attendant de ma rendre à Mehun-sur-Yèvre et à La Châtre, je suis retourné voir le musée Bertrand de Châteauroux, espérant bien, cette fois ci, être autorisé à faire le tour des salles consacrées au Moyen-âge.
Une première visite, cet hiver, s’était conclue par un échec. La partie archéologique était fermée et devait ouvrir au printemps.
L’automne est arrivé et les salles des collections anciennes sont toujours inaccessibles.
Je n’irai pas médire sur ce musée, plutôt agréable. On y est bien accueilli, l’accès est gratuit, les photographies autorisées sans flash, le lieu organise des conférences et des expositions de qualité. Sous cet aspect, il serait difficile de se plaindre, c’est un fort bel endroit pour la Culture.
Ce qui chagrine le médiéviste que je suis, c’est que l’univers castelroussin n’avait rien d’anecdotique à la période qui nous intéresse. Déols a été l’une des principales seigneuries de la région, son abbaye a connu un développement rarement égalé dans les régions du centre, des souverains éminents sont passés sous ses portes. De ce passé, le visiteur occasionnel n’a presque aucune perspective. Dommage, vraiment, que le musée Bertrand n’ai pas mis cet aspect de l’histoire locale plus en valeur.
Je ne peux donc pas en conseiller la visite aux médiévistes à cause de ce point faible, mais je ne passerai pas sous silence non plus toutes ses autres qualités.
Published by Olivier Trotignon
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31 juillet 2013
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Celles et ceux qui suivent ce blog savent que j’aime y partager des coups de cœur pour des lieux ou des initiatives propres à faire découvrir le Moyen-âge local sous ses formes les plus authentiques, et que j’élimine tout ce qui donnerait de cette époque une vision dénaturée, commerciale ou racoleuse.
C’est pourquoi, profitant de l’été et des migrations saisonnières qui conduisent tant d’entre vous sur les routes du Centre, j’attire votre attention sur un lieu d’exception.
Le musée de l’hospice Saint-Roch, dans le centre-ville d’Issoudun, s’est développé dans les murs de l’ancien hôpital de la petite cité de l’Indre, au passé médiéval particulièrement riche. Aux murs primitifs a été ajoutée une extension qui accueille des collections d’arts premiers océaniens et d’œuvres contemporaines, suivant une muséographie que je laisse au visiteur le plaisir de découvrir toutes les sensations qu’elle apporte.
Mais retournons dans la partie ancienne du musée, volontairement dépouillée, pour y retrouver l’un des plus beaux gisants d’abbé du Berry, trouvé dans la crypte de l’ancienne abbaye Notre-Dame et présenté parmi quelques autres monuments funéraires médiévaux. Près du gisant, dans une vitrine, se trouve une rare crosse en métal émaillé, découverte sous la dalle funéraire de l’abbé, pièce exceptionnelle pour la région.

En plus de ce patrimoine mobilier, la chapelle des malades contient un ensemble tout aussi exceptionnel de deux arbres de Jessé sculptés dans un calcaire très fin, qui nécessitent un long examen pour apprécier tous les détails des thèmes religieux.
Le musée d’Issoudun est gratuit, les photos y sont permises, l’accueil du public y est particulièrement soigné. Je ne voudrais pas faire preuve de sectarisme en vous encourageant à aller y visiter les salles médiévales, car l’importance du reste des collections est telle que le Moyen-âge n’est pas la période phare de cet espace: l’ensemble est passionnant, demande du temps (une visite éclair serait du gâchis) et présente du paléolithique à l’art nouveau une telle palette d’œuvres que tout le monde peut y trouver son bonheur.

© Olivier Trotignon 2013
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2 juillet 2013
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08:37

Le musée du Berry, dans le vieux quartier de Bourges, consacre une faible part de son espace d’exposition à la période médiévale. Cet apparent paradoxe, dans une ville aussi chargée de patrimoine postérieur à l’an 1000, s’explique par la grande richesse et l’excellent état de conservation des vestiges du passé dans la cité berruyère. A Bourges, le Moyen-âge se découvre en parcourant les petites rues plus qu’en se penchant sur des vitrines.
D’autre part, le sous-sol n’a pas livré de mobilier archéologique d’une qualité telle que le service Patrimoine de la ville ait décidé de réorganiser son espace muséographique. Il est donc normal que l’orientation générale de cet établissement soit fixée autour de deux caps principaux: la période gallo-romaine et les Arts et traditions populaires du Berry, difficiles à appréhender sans avoir eu accès à une bibliographie que peu de visiteurs ont lu avant de venir dans la région.

Ceci dit, le musée du Berry conserve quelques objets remarquables qui ont tous ou presque fait l’objet de notices singulières dans ces pages.
Outre quelques beaux éléments de parure mérovingiens, on peut insister sur la présence dans l’espace lapidaire antique d’un remarquable sarcophage, dit de saint Chalan, déplacé de Charenton-du-Cher. L’ancienne Sainte chapelle édifiée par le duc Jean de Berry, complètement rasée, a laissé quelques traces sous formes d’éléments de vitraux et de statues.

Le musée du Berry, gratuit et facile d’accès, est une étape naturelle dans un parcours de découverte de la cité berruyère.
© Olivier Trotignon 2013
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22 juin 2013
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08:45

Les vacances d’été vont être encore, pour beaucoup d’entre nous, l’occasion de visiter de nouveaux monuments dans toutes les régions de France. Il m’ a semblé intéressant de faire le point sur les collections d’objets et d’œuvres de la période médiévale contenues dans les principaux musées du Berry. Je commencerai cette petite série d’articles par celui que je connais le mieux, ayant travaillé à l’inventaire de ses collections: le musée Saint-Vic de Saint-Amand-Montrond dans le sud du département du Cher.
Installé depuis des dizaines d’années dans l’ancienne maison “en ville” des abbés de Noirlac, ce musée subit des contraintes spatiales qui permettent peu d’espace de manœuvre: pièces exiguës, superficie limitée, faible hauteur des plafonds...comme dans tout bâtiment très ancien, l’espace muséographique est réduit, et partagé par les autres époques. Le Moyen-âge n’y occupe qu’une place limitée.
Les objets exposés ne donnent pas de vision synthétique de la période médiévale dans le sud du Berry, mais se présentent comme une collection de pièces curieuses d’origine inconnue, en particulier de jolis coffrets de bois et métal offerts en 1922 par un collectionneur local.
Quelques produits de fouille apparaissent, comme des céramiques et divers petits objets de métal. Des vestiges plus importants méritent l’attention: porte et statues de l’ancien couvent des Carmes meublent quelques espaces. Plus anecdotique, mais qui est une chose assez rare: un casque anglais du XIVe, trouvé dans une sablière sur les bords du Cher, et qui contient encore la calotte crânienne du soldat qui le portait.
La pièce maîtresse de l’exposition permanente reste le très rare gisant de bourgeois anobli du XVe siècle, unique en son genre dans toute la région et peut-être même au delà, qui présente de plus l’intérêt d’être sculpté en cuve. Plusieurs articles de ce blog y font référence.

J’ignore si ce billet gardera sa pertinence au delà de la fin d’année 2013. La municipalité de Saint-Amand prévoit une rénovation du musée Saint-Vic à l’horizon pré-électoral 2014. L’absence d’accès pour les personnes à mobilité réduite justifie à elle seule les aménagements annoncés. Malheureusement, aucun chercheur ni spécialiste du patrimoine n’a été invité à assister au comité “scientifique” (j’insiste sur les guillemets) de pilotage du projet, si bien que l’avenir de cette vénérable institution qu’est le musée municipal est pour les historiens et archéologues parfaitement opaque.
Les mois à venir devraient nous permettre, du moins espérons le, d’en savoir un peu plus long sur la question.
© Olivier Trotignon 2013
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