Le cellier
L'une des finalités de ce blog est d'aider le plus grand nombre à découvrir et s'approprier la culture médiévale, en cherchant à trahir le moins possible l'esprit et la culture des gens qui nous ont précédé. Au contact du souvenir d'un passé qui, comme le chantait Alan Stivell, dans nos terroirs, "sourd au moindre coup de pioche", j'essaie dans la mesure du possible de m'effacer pour laisser aux vestiges et aux anciens textes le soin de vous parler eux-mêmes de la civilisation qui les a générés.
C'est pourquoi j'ai intérieurement hurlé en parcourant les salles de l'ancienne abbaye cistercienne de Noirlac.
Alerté par un article signé par la journaliste Anne-Lise Dupays, dans l'Echo du Berry de la semaine dernière, j'ai voulu me rendre compte par moi-même d'une nouvelle extravagance frappant l'antique monastère et ainsi sondé l'abyssale profondeur de la prétention de notre société moderne à l'égard de la culture médiévale.
Comment vous dire? Pour moi, une abbaye comme Noirlac se suffit à elle-même. La qualité des restaurations qui l'ont sauvée de la ruine nous la présente comme un espace en devenir, prêt à être occupé par les moines et leurs convers, il y a presque huit siècles. Pas comme un lieu de création prétendument inspirée pour artistes en mal de sensations. Pas comme un lieu de rendez-vous pour oisifs nourris d'idées révolutionnaires en matière de création et d'introspection égocentrique.
Noirlac est un lieu où celle et celui qui cherchent le passé doivent pouvoir s'émerveiller sans obstacle et sans fraude devant une branche de la spiritualité médiévale.
Alors, que vient faire dans ces lieux cette cacophonie de luminaires aussi gracieux que des obus de 75, ces lampions rétro-éclairés anti-panique qui polluent de leur timbre vert le cloître et ces œuvres prévues pour réveiller les sens des visiteurs, rendant du coup invisibles les lieux et inaccessibles les schémas de la pensée cistercienne?
Noirlac va mal. On cherche à en faire un lieu rentable, accessible comme une vulgaire bouche de métro, sans déférence aucune pour le siècle qui a dessiné ses plans et taillé ses pierres.
Personnellement, de ma position d'historien de la période médiévale, je réprouve cette attitude. Laissons les murs parler aux visiteurs sans artifice.
Pour vous forger votre propre opinion, voici un florilège subjectif assumé de l'esprit qui hantait le vieux monastère de moines blancs pendant les journées du Patrimoine 2012.
Le réfectoire
L'abbatiale
Le cloître