Il ne viendrait à l’esprit de personne de présenter un film de science-fiction, genre Guerre des étoiles, comme une juste image de ce qu’a été la conquête spatiale à l’époque où Américains et Soviétiques se disputaient le ciel en pleine Guerre Froide.
C’est cette comparaison qui me vient à l’esprit les rares fois où je visite des fêtes ou marchés dits “médiévaux” qui sont, on est navré de le constater, plus proches du carnaval que de la reconstitution historique.
Il m’est arrivé de voir sur ces fêtes des puristes, des gens, jeunes ou moins jeunes, cherchant la perfection dans le détail d’un équipement sur un costume ou sur un harnachement, et ayant la discrétion de ne pas déclamer de manière péremptoire qu’ “au Moyen-âge, c’était comme ceci ou comme cela...”. Comme je l’écrivais dans un précédent billet, je ne partage pas leur passion, mais je reconnais leur travail, travail qui n’est pas plus respecté que celui des chercheurs dans nombre de sites où la période médiévale sert de prétexte à faire rentrer de l’argent dans les caisses de comités des fêtes ou de propriétaires de châteaux ou d’abbayes.
Certes, les temps sont rudes, les subventions se font rares et tout le monde a bien le droit de s’amuser.
Mais alors, à part le site qui accueille la manifestation et quelques efforts pour donner une ombre d’authenticité à l’ensemble, je n’arrive pas à accorder le moindre qualificatif de médiéval à des commerçants qui vendent t-shirts imprimés, grigris indiens, poteries régionales, bijoux maison, à de la musique venue des Balkans, à des costumes agrémentés de plumes de chouette, d’oreilles d’elfe en caoutchouc ou des fausses blessures sanguinolentes à souhait, et je passe sur les vêtements taillés dans du tissu industriel, portés avec des chaussures de sport et une pochette en sautoir pour le téléphone portable et le paquet de cigarettes.
Beaucoup de propriétaires de parcs floraux reconstitués autour de vieilles demeures ont la prudence de parler de jardins d’inspiration médiévale, et cette réserve les honore. Soyons donc comme eux vigilants sur le vocabulaire qu’on emploie. Qualifier une fête locale de carnaval ou de rencontre autour du Moyen-âge permettrait peut-être au grand public de faire la part des choses, et éviterait que les visiteurs pour lesquels la période antérieure à 1450 n’est qu’un vague souvenir de la classe de 5e repartent avec une vision complètement factice d’une époque dont ces festivités éclipsent l’incroyable richesse.