S’engager pour la défense du Patrimoine
Certains d’entre vous s’en souviennent encore. L’été dernier fleurissait sur le toit de l’ancienne abbatiale des Carmes, classée Monument historique, de Saint-Amand-Montrond, dans le Cher, un invraissemblable bouquet de paraboles blanches, reliant des caméras de vidéo-surveillance urbaine au quartier-général de la police municipale locale. Cette découverte m’avait fait bondir, générant un article de protestation sur ce blog.
“Il est minuit, braves gens, dormez en paix...”
Outre le mécontentement de voir, et pour longtemps, la perspective sur un bâtiment d’une architecture assez peu fréquente dégradée, il m’avait paru curieux qu’une municipalité s’accorde des dérogations à des règles d’urbanisme imposées à ses contribuables. Le clocher de l’église paroissiale, également, subissait l’installation d’une antenne blanche sur son toit d’ardoise, selon des principes esthétiques assez éloignés du bon sens.
été 2010
L’affaire était arrivée à un stade politique lorsque, à l’automne, les groupes d’opposition municipale avaient tenté, à leur tour, de raisonner les initiateurs de ce projet, inflexibles aux arguments que les uns et les autres avaient mis en avant.
Cachez ce blog que je ne saurais voir ...
Je m’étais donc résolu à attendre d’autes temps et d’autres mœurs pour voir ces horreurs disparaître du paysage. Le lecteur comprendra ma surprise, il y a quelques jours, en découvrant qu’une partie -une partie seulement- du dispositif de relais des images avait été déposé et remplacé par des parabolles noires fixées à l’intérieur, et non plus à l’extérieur du clocheton, ce qui prouve que l’assouplissement des postures les plus rigides est un exercice accessible à tous.
J’avoue ignorer totalement la nature de l’écueuil responsable de ce changement de cap, me réjouis de cette victoire partielle - le site n’a pas retrouvé son intégrité et l’antenne du clocher de l’église est toujours en place - et aimerais que ce dossier prouve la nécessité que chacun d’entre nous reste vigilant sur les atteintes à la conservation du patrimoine, qu’il soit préhistorique, antique, médiéval ou beaucoup plus récent. On continue à reboucher des fossés de mottes castrales, on pose des volets roulants en PVC blanc sur des façades XVe... c’est un engagement de tous les jours ou presque, ingrat, qui attire plus d’inimitiés que de sympathies mais qui donne, comme c’est le cas aujourd’hui, quelques satisfactions.
mai 2011