C’est au milieu de la grande plaine céréalière de la Champagne berrichonne qu’émerge un des plus hauts témoins de l’activité humaine dans le Berry du Moyen-âge. Visible à des kilomètres à la ronde, le toit de l’immense beffroi de Dun-sur-Auron est le vestige emblématique de l’ancienne ville royale et fortifiée qui marqua longtemps la frontière entre le domaine capétien et les terres tenus par les féodaux du sud de la région.
Même si on n’en a pas la preuve formelle, la cité de Dun fit très certainement partie du lot de possessions cédées par le vicomte et futur croisé Eudes Arpin au roi de France Philippe Ier au début du XIIe siècle. Au toponyme originel est accolé le terme “le roi” noté dès 1166 dans une charte de l’abbaye Saint-Sulpice de Bourges. Jusqu’à la Révolution, la ville porte le nom de Dun-le-roi.
Le roi Philippe Auguste entreprend une vaste campagne de fortification de la petite cité. Une enceinte flanquée de tours garnies d’archères est élevée. Comme dans sa ville voisine de Bourges, le souverain fait bâtir une “grosse tour”, à savoir un donjon circulaire qui domine les remparts. Cette équipement particulier fait écho aux autres constructions du même modèle entreprises par la féodalité locale: Renaud de Montfaucon à Montrond, les seigneurs de Culan et ceux d’Issoudun dans leurs forteresses respectives, pour ne citer que les plus célèbres, élèvent eux aussi de leur coté de hautes tours rondes qui symbolisent leur statut de grands seigneurs fonciers.
Autour de la ville de Dun-le-roi, la campagne s’anime. Toute la plaine alentour est conquise par les paysans, qui rejoignent leurs pièces de terre cultivée en suivant les chemins qui rayonnent à partir de la petite cité, encore bien visibles par la photographie satellite qui permet de distinguer un intéressant plan géoconcentrique, comme à Issoudun. On peut supposer que cette gestion de l’espace agricole permet d’anticiper une éventuelle croissance à venir de la population, des besoins de celle-ci, et des terres qui devront être exploitées pour y faire face.
La période médiévale a laissé de nombreux vestiges à Dun. Le visiteur y découvre une variété monumentale très complète pour une ville de cette dimension: église romane remaniée à la fin du Moyen-âge, remparts appuyé sur des tours de section circulaire, beffroi monumental assurant la sécurité d’une des portes de la cité, assise lenticulaire de l’ancien donjon ayant probablement succédé à un ouvrage de bois antérieur, maisons à pans de bois. La Renaissance a aussi laissé son empreinte à Dun, en particulier par l’existence d’un très bel hôtel particulier dont la façade rappelle l’architecture de certaines demeures contemporaines visibles dans la vieille ville de Bourges.
La visite de Dun-sur-Auron sera complétée avec beaucoup de profit par une étape dans les villes proches de Bruère-Allichamps et à Ainay-le-Château pour avoir une vue d’ensemble du phénomène des fortifications urbaines dans le sud du Berry à l’époque féodale.