Arrêtons nous un instant sur une personnalité majeure de la première féodalité en Berry du sud en la personne d’Adalard Guillebaud, seigneur de Châteaumeillant et Saint-Chartier.
L’activité diplomatique de ce seigneur s’inscrit dans une longue tranche chronologique allant de 1070 à 1135, longévité assez exceptionnelle pour l’époque qui explique à elle seule l’importance de la documentation disponible.
Adalard Guillebaud manifeste toute son existence une très grande fidélité à la seigneurie de Déols, au point qu’on peut supposer que la famille Guillebaud fut une branche cadette primitive de la maison de Châteauroux.
On le trouve cité plusieurs fois comme seigneur de Châteaumeillant, très ancien domaine patrimonial des Déols qui est confié jusqu’à extinction du rameau au milieu du XIIIe siècle à une branche cadette -elle bien identifiée - de la grande famille déoloise. C’est d’un autre fief de Déols, Issoudun, qu’Adalard assure la garde vers 1100 pendant que son seigneur légitime, Gaufridus, participe à la première croisade. Seul un homme de grande confiance pouvait assumer une charge aussi stratégiquement sensible pour l’équilibre politique de tout ce secteur du Berry.
On peut supposer qu’Adalard, parfois nommé Alard dans certaines chartes, fut le frère d’Amblard, fondateur de la Roche-Guillebaud, cette forteresse située comme Culan à la lisière orientale des terres déoloises, sur la rivière Arnon.
Adalard entre dans l’Histoire de France en devenant le protecteur d’un jeune seigneur de Bourbon, dont la légitimité était contestée par un oncle, Aymon dit Vaire-vache. A la mort d’Archambaud de Bourbon, Adalard avait épousé la veuve de ce dernier, jouant le rôle de tuteur jusqu’à sa majorité de l’héritier de la grande seigneurie bourbonnaise.
On retiendra de la vie d’Adalard Guillebaud son influence lors de la fondation du prieuré fontevriste d’Orsan. Plusieurs actes gardent la trace des dons initiaux de ce seigneur en faveur des disciples de Robert d’Arbrissel. Selon une tradition déjà observée dans d’autres secteurs de la région, il est probable que les seigneurs locaux, dont les chevaliers de Lignières, autres vassaux de Déols, aient manqué d’un lieu sépulcral digne de leur rang, et aient favorisé, Adalard en tête, l’installation de moines à Orsan pour y fonder un prieuré et un cimetière prêt à accueillir les dépouilles des membres éminents de la féodalité locale.
D’autres chapitres, abbayes et prieurés témoignent de la générosité d’Adalard, qui dota en particulier Saint-Sylvain de Levroux, Chezal-Benoît, Aureil en Limousin et même la grande abbaye bourguignonne de Cluny.