Le nombre significatif des recherches spécifiques aux pigeonniers et colombiers médiévaux recensées sur ce blog m’a invité à compléter les deux articles déjà consacrés à ce sujet il y a quelques mois dans cet espace par la présentation de deux structures post-médiévales observables à Saint-Amand-Montrond et dans ses alentours.
Le premier ensemble appartient à l’Hôtel Saint-Vic, ancienne grange en ville de l’abbaye cistercienne de Noirlac, devenue musée municipal. Le bâtiment, quoique construit après la fin “officielle” du Moyen-âge, n’a pas subi d’influences Renaissance et reste ancré dans la tradition médiévale.
Les deux étages sont distribués par un escalier tournant en pierre contenu par une petite tour de section polygonale. Au sommet de cette tour, accessible par un petit escalier de diamètre très inférieur à celui de l’accès principal se trouve un pigeonnier de section circulaire agencé avec des pots à pigeons. L’accès pour les oiseaux se faisait par une lucarne ouverte vers le Sud.
Le second ensemble est visible dans le bourg d’Orcenais, à quelques kilomètres à l’ouest de Saint-Amand. Situé dans une impasse dite “des moines”, il se signale par une bâtisse contemporaine de l’Hôtel Saint-Vic, dont le pignon méridional est ajouré de quelques niches d’accès pour les oiseaux. Je n’ai pas eu accès à cette demeure, propriété privé, aussi dois-je supposer que le pigeonnier occupait une partie des combles de la maison et devait être accessible par un grenier.
Cette maison ne semble pas avoir fait l’objet de publications particulières,
aussi doit-on rester prudent sur son histoire, mais on relève dans le chartrier de Noirlac la traces d’assez abondantes possessions sur la paroisse d’Orcenais. La présence du toponyme ‘Impasse des moines” rend crédible l’hypothèse qu’il s’agit là d’une autre “maison en ville” de l’ancien couvent des moines blancs, distant de quelques kilomètres seulement.
On ne saurait oublier une troisième bâtisse, déjà traitée dans un article antérieur, sise dans l’ancienne cité de Bruères-Allichamps, comportant un petit pigeonnier de façade, elle aussi de la fin du Moyen-âge et attestée comme propriété de l’abbaye de Noirlac.
Il semble donc qu’à la fin de la période médiévale, lorsque les troubles de la Guerre de 100 ans se furent assez éloignés pour qu’on entreprenne de nouveaux investissements, l’abbaye de Noirlac ait fait bâtir une série de demeures prêtes à recevoir les différentes taxes levées sur la population locale et qu’à chaque fois les cisterciens aient affirmé leur statut de seigneurs fonciers par la fondation de pigeonniers de villes, privilège qu’on attribue en général plus aux féodaux qu’aux clercs.
Le repérage de la maison d’Orcenais étant le fruit d’un heureux hasard lors d’une randonnée, il est possible qu’à l’avenir d’autres sites puissent venir compléter cette liste.
cistercian pigeon-houses (XVth century)