Documentation peu spectaculaire et, reconnaissons le, d’un intérêt limité pour l’historien, les monnaies féodales sont rarement visibles dans les vitrines des musées locaux. Prisées par les collectionneurs, et atteignant parfois des prix sidérants sur internet, les frappes régionales sont un aspect méconnu de l’histoire de la région.
Voici quelques repères dans une discipline qui intéresse les historiens, archéologues et numismates.
Le droit de frapper monnaie était à l’origine un droit régalien. L’affaiblissement du pouvoir royal à la fin de l’époque carolingienne a, entre autres, provoqué une réduction du volume des pièces de monnaies émises sous l’autorité du souverain, donc une pénurie d’espèces, nuisible pour le commerce. Comme pour le droit d’élever des forteresses, des nobles sont passés outre les lois du royaume pour frapper leurs propres pièces d’argent ou de billon (une formule mélangeant du cuivre à l’argent), qu’on désigne sous le nom de deniers. On ne confondra pas les deniers médiévaux, petites rondelles de métal de faible épaisseur, avec les deniers romains, plus épais et donc plus lourds.
Si quelques pièces ont bien été battues à Bourges au nom du roi Lothaire et de ses successeurs avant l’an 1000, c’est surtout lors du premier âge féodal qu’on trouve la plus grande variété de deniers. Les plus nombreux ont été frappés à Déols et Issoudun entre 1012 et 1270. On compte parmi eux plusieurs frappes ordonnées par les rois Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion. Du même groupe politique, la seigneurie de Châteaumeillant, cadette de Déols, a produit quelques émissions. Les comtés de Gien et de Sancerre ont eu eux aussi leurs monnaies, tout comme, dans la moitié nord de la région les seigneuries de Mehun-sur-Yèvre, Celles-sur-Cher, Saint-Aignan et Vierzon.
Dans le sud du Berry, quelques frappes ont eu lieu à Charenton et Huriel. Ces monnaies sont si rares que, depuis plus de trente ans que je travaille sur ce secteur, je n’ai pas le souvenir d’en avoir vues ou touchées.
Un cas à part: la seigneurie de Bourbon qui, quoique deuxième force politique régionale après Déols et ses branches cadettes, a très peu émis de pièces d’argent. Quelques modèles sont répertoriés à Bourbon même et à Montluçon, mais on est loin de la variété des espèces frappées dans l’espace déolois. A cette situation une explication toute simple: le prieuré clunisien de Souvigny avait son propre atelier monétaire et sa production suffisait à couvrir les besoins locaux en numéraire. Un chapiteau de la priorale illustre cette activité.
Pour qui voudrait approfondir le sujet, il existe, dans les publications des sociétés historiques régionales, des bulletins numismatiques. Plus facile à trouver à partir d’un moteur de recherche ordinaire, quelques très belles pièces sont visibles sur des sites de vente en ligne. Les photographies, sous licence, ne sont pas reproductibles mais une copie à usage privé peut permettre de se composer une banque de données personnelle qui peut-être utile en cas de découverte fortuite.
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