L’année 1252 restera pour les contemporains une de celles qui virent brûler Bourges. On ignore l’ampleur de la dévastation et le nombre des victimes qui furent déplorées dans les quartiers de la cité archiépiscopale mais les archives judiciaires du royaume livrent un éclairage particulier sur l’événement en évoquant l’émeute qui se produisit à la suite de cette catastrophe.
Le lecteur comprendra qu’il m’est difficile de me livrer à un exercice d’histoire-fiction en inventant des scenarii dont le détail est absent des chroniques de l’époque. Tout au moins sait-on qu’à la suite de la destruction de la ville se produisit une émeute qui visa la maison de l’archevêque, qui accueillait à ce moment un légat du pape. Les deux prélats furent malmenés et la foule alla jusqu’à leur jeter des pierres.
Cet acte de lapidation déclencha une réaction de Saint Louis, qui comptait Bourges parmi les possessions du domaine royal. Le roi de France fit arrêter de nombreux habitants, imposa une amende de 300 livres à la ville et ordonna une enquête pour déterminer l’identité des auteurs de ce soulèvement populaire.
Le texte du jugement ne fournit pas de renseignements sur les raisons qui poussèrent les émeutiers à diriger leur colère vers les personnes de l’archevêque et de son hôte, mais on peut supposer que, comme lors d’autres catastrophes, y compris récentes, frappant la population, le désarroi des victimes s’est mué en révolte à l’encontre du pouvoir, matérialisé à Bourges par des officiers royaux et par le prélat berruyer. On remarque tout d’abord que la foule s’en prit à la maison de l’archevêque, ce qui prouve que le palais épiscopal ne fut pas la proie des flammes. Ceci peut avoir attisé la jalousie de gens ayant tout perdu dans le sinistre.
La présence du légat du pape a pu être l’occasion de frais de réception exceptionnels, supportés par le temporel de la cathédrale de Bourges, qui peuvent avoir aussi exaspéré les victimes de l’embrasement de la cité.
Il n’est pas possible non plus d’évaluer la réaction de l’archevêché après la catastrophe. L’église de Bourges chercha t-elle à secourir les plus démunis, ou négligea t-elle les sinistrés? Y eu t-il un allégement de la pression fiscale pour soulager les plus pauvres des contribuables ou au contraire l’administration épiscopale maintint-elle ses exigences malgré l’appauvrissement de la cité consécutif à l’incendie?
La vérité doit se situer quelque part entre ces diverses hypothèses. Il demeure que cette affaire moins connue que les grands troubles urbains du XIVe siècle mériterait une approche documentaire et archéologique plus méthodique que cette brève analyse.
Bourges brûla à nouveau cinq ans plus tard, puis en 1353, 1407, 1463, 1468 et enfin en 1487.
The great Bourges burning and riot (1252)