Il me paraît légitime de réserver mon premier billet de l’année 2013 à un monument qu’on m’a fait découvrir l’été dernier. J’ai pu, à l’invitation des membres de l’association pour la sauvegarde du château de la Prune-au-Pot, faire le tour de la belle forteresse dont ils s’occupent.
Le site de la Prune a la particularité d’être situé à flanc d’un coteau en pente douce, sans intérêt stratégique particulier. Les fossés humides se remplissaient par ruissellement et par porosité de la nappe phréatique, comme on peut l’observer sur de nombreuses mottes castrales ou maisons-fortes construites à l’écart des sommets du relief. La puissance des travaux de construction qui ont abouti à la mise en service de la forteresse ont effacé toutes traces au sol de cet éventuel passé du site, qui n’est pas éclairci à l’heure actuelle, faute d’une documentation suffisante.
La Prune-au-Pot se présente sous l’aspect d’un beau château fort ruiné organisé sur un plan quadrangulaire. Trois des quatre tours initiales sont encore visibles. On note un intéressant système d’accès par pont-levis reposant sur des piliers encore visibles.
Aux dires des membres de l’association (je n’ai pu, pour des raisons de sécurité, visiter l’intérieur de la place), une fontaine située dans la cave de la plus grande tour fournissait aux occupants une eau toujours abondante et certainement d’excellente qualité, ce qui était un avantage appréciable en cas de siège.
Des parties souterraines demeurent inexplorées. Une ouverture en soupirail n’éclaire aucune pièce connue et des mouvements du sol de la cour ont trahi le tassement de probables voûtes de salles basses dont les entrées n’ont pas encore été localisées. L’histoire ancienne du site elle-même est sujette à conjectures. Si la tranche chronologique couvrant une période allant de la Guerre de 100 ans à l’ancien régime est bien renseignée grâce à une documentation suffisante, la période féodale est moins bavarde. L’absence d’abbaye disposant de gros chartriers dans les environs, et l’incertitude sur les premiers propriétaires (qui n’étaient peut-être pas seigneurs résidants et à ce titre n’ont pas produit d’actes locaux) sont des handicaps difficiles à résoudre pour un historien.
Un indice cependant: la Prune est construite sur la rive gauche de la Creuse, en vis-à-vis des domaines appartenant à la large mouvance des seigneurs de Déols. Ce château pourrait avoir des origines politiques plus aquitaines que berrichonnes.
Quelques recommandations, si ce billet vous inspire l’envie de venir faire le tour du site, me semblent utiles à souligner. La Prune-au-Pot est une propriété privée, en ruine et donc potentiellement à risque. Le propriétaire a accepté qu’un chemin de visite soit aménagé autour de son bien, pour faciliter l’accès du public. Cette bonne volonté n’est pas la règle en Berry, soyez donc vigilants à ne pas passer les clôtures même si, et ça se comprend dans un tel site, on a toujours un peu envie d’en voir plus. A proximité de Céaulmont se trouvent Argenton, Gargilesse, Cluis et l’abbaye de Varennes. Le château de la Prune peut être une étape dans un petit circuit de grande qualité qui embrasse une variété rare d’expressions artistiques du Moyen-âge régional.
L’association pour la sauvegarde du château de la Prune-au-Pot mérite d’être soutenue dans sa vaste entreprise de restauration du site. Elle est joignable sur son blog.
© Olivier Trotignon 2013