Voici un document qui ne révolutionnera pas l’histoire de la petite forteresse d’Aiguemorte, proche de Châteauneuf-sur-Cher, à laquelle nous avions consacré un billet voici quelques mois, mais qui éclairera la liste toujours imprécise de ses propriétaires médiévaux.
Un acte recopié dans le cartulaire du prieuré clunisien de la Charité-sur-Loire, dans la Nièvre, indique que Pierre de Beaujeu, alors prieur du lieu, accorda en 1330 à ses propres religieux une rente de soixante sous en monnaie de Tours annuelle en échange de la célébration de son anniversaire, à prendre sur sa propriété d’Aiguemorte. Le titre précise que la maison a été, “ex nostra pecunia acquisitis”, achetée sur les fonds propres du prieur.
Ce texte ne donne pas d’autres précisions sur la localisation du toponyme évoqué dans le cartulaire clunisien, mais, en l’absence d’autres lieux homonymes dans les départements du Cher, de la Nièvre et de l’Yonne dans lesquels les moines de la Charité possédaient la majorité de leurs biens, il n’y a guère d’autre endroit où situer la propriété de Pierre de Beaujeu.
Il est vraisemblable que le prieur, décédé en 1333, s’est séparé de son bien assez vite car dès 1332, c’est un descendant de la vieille famille de Morlac qui prend possession des lieux et se fait accorder par son seigneur Jean de Culan et de Châteauneuf le droit d’installer des soldats pour assurer la garde d’Aiguemorte, preuve d’une acquisition récente.
Faute de certitudes, on ne peut que spéculer sur les raisons qui conduisirent le prieur de la Charité à investir dans la vallée du Cher. Un lien possible peut être établi entre son “nom de famille” - de Beaujeu et la famille de Sully, fortement implantée dans la région, dont Beaujeu était une branche cadette.