L’édifice que nous visitons aujourd’hui est plus intéressant par sa dimension spirituelle que monumentale, et compte essentiellement pour avoir été intimement lié à l’enfance d’une grande figure de l’histoire de la région à la fin du Moyen-âge: Jeanne de France.
N’ayant pas étudié cette personnalité historique par l’intermédiaire des sources de l’époque, je me contenterai d’évoquer brièvement les informations recueillies par le Conseil général du Cher à l’occasion des manifestations ayant célébré en 2002 le 500e anniversaire de la fondation par Jeanne de France de l’Ordre féminin de l’Annonciade. Mes collègues berruyers ont ainsi noté que Jeanne de France, fille du roi Louis XI et de la duchesse Charlotte de Savoie, passa une grande partie de son enfance au château de Lignières, vieille forteresse médiévale détruite depuis. A la lisière du château était construite l’église du village, qui conserve encore aujourd’hui, malgré d’importantes transformations, quelques parties médiévales.
Jeanne fut mariée avec le frère cadet du roi de France Charles VIII. Au décès du roi, son époux, devenu Louis XII, la répudia pour épouser la duchesse Anne de Bretagne et, sous forme de dédommagement, offrit le duché de Berry, apanage royal, à sa première femme. Revenue dans la région en 1499, Jeanne se consacra à des œuvres pieuses au nombre desquelles la fondation de l’Ordre de l’Annonciade, dont le premier couvent fut construit proche de l’actuelle place Séraucourt. La chapelle en est encore visible dans l’enceinte du quartier militaire. La duchesse Jeanne mourut en 1505 à l’âge de 41 ans et fut inhumée dans cet enclos religieux. Réputée miraculeuse, cette figure très particulière de l’histoire de la région fut béatifiée en 1742 et canonisée en 1950.
Dès son enfance, Jeanne se fit remarquer par l’exercice d’une grande piété, passant de longs temps de prière dans l’église de Lignières. Elle choisit ainsi la petite chapelle à gauche du chœur pour exercer sa foi. Le seul aménagement spécifique observable sur place est une cheminée dotée d’une foyer minuscule au ras du sol dont la construction fut ordonnée par le Louis XI pour rendre les veilles de sa fille moins inconfortables, dans cet édifice haut et glacial où la santé de l’enfant était menacée.
Peu connu du grand public local, cet oratoire n’a d’intérêt réel que pour les croyants ou les spécialistes de l’histoire de cette duchesse de Berry, mais demeure un petit patrimoine touchant par sa simplicité. Il faut noter que suite à des dégradations, l’église de Lignières est rarement accessible. Mieux vaut se renseigner à l’Office de tourisme local avant de prévoir une visite sur place.
© Olivier Trotignon 2010