l’observation détaillée des édifices religieux médiévaux nous livre de nombreuses traces d’une des préoccupations quotidiennes des gens d’autrefois: la mesure du temps. C’est ainsi qu’on note un peu partout les restes de cadrans solaires primitifs gravés sur des pierres du flanc Sud des lieux de culte où se déroulaient plusieurs messes quotidiennes.
Plusieurs cas de figure se présentent. Sur certains édifices, on ne trouve qu’un cercle gravé, souvent tracé au compas, muni d’un orifice central dans lequel venait s’insérer une baguette quelconque faisant office de style. L’ensemble est assez soigné et montre que l’auteur du dessin disposait au moins d’un compas à pointe métallique, d’une équerre pour tracer les demi-cercles etd’ un outil muni d’un trépan pour forer la pierre. On peut supposer que ces gnomons datent de la conception du bâtiment qui les porte.
Un autre modèle beaucoup plus rudimentaire trahit l’improvisation et le manque de savoir-faire de celui qui a entrepris leur gravure. Il s’agit de cadrans tracés à main levée avec une pointe métallique ou une pierre dure, présentant des lignes rayonnantes à partir d’un orifice central en général placé à la jointure entre deux pierres. Ils témoignent de la volonté du graveur improvisé de diviser la lumière du soleil en trois ou douze séquences, mais avec un manque complet de précision. Plutôt que de classer ces marques dans la catégories des graffiti, parfois abondants sur les églises, il me semble plus juste de les interpréter comme des souvenirs de la débrouillardise d’anciens officiants privés d’instrument de mesure du temps pour régler le rythme des offices diurnes.
On voit que les deux modèles se concurrencent parfois sur une même chapelle. Peut-être doit-on invoquer l’absence initiale de gnomon, ou sa destruction pour des causes inconnues, compensée à l’initiative des usagers du lieu cultuel par un cadran de fortune vite gravé dans l’attente du passage d’un artisan tailleur de pierre capable de tracer quelque chose de plus soigné.
On comprend que l’arrivée des première horloges dans les églises (un modèle très ancien est encore en fonction sur la façade de l’église de Drevant, dans le Cher) a dû être une petite révolution pour les clercs comme pour leurs paroissiens.