Plusieurs d’entre vous savent les liens particuliers que j’entretiens avec la forteresse médiévale puis post-médiévale de Montrond, à Saint-Amand-Montrond, dans le Cher. Bien avant de commencer mes études en Histoire, j’y avais été bénévole puis y avais animé la partie archéologique avant de m’en faire exclure, cible de jalousies et de médiocrités qui ne méritaient pas de réponse. J’ai mis des années à accepter de retourner sur ce site chargé de souvenirs, aujourd’hui bien différent de l’image que j’en avais gardé.
Bâtie au XIIIe siècle, agrandie aux XVe et XVIIe, la forteresse de Montrond, ruinée, démantelée et transformée en carrière de matériaux, avait presque disparue du paysage. Seul émergeait un tronçon de tour éventrée. Puis, peu à peu, le déblaiement, la fouille et la restauration des murs anciens ont fait apparaître les bases d’un des plus grands châteaux des Berry et Bourbonnais (géographie politique qui a évolué au cours du temps).
Les travaux achevés, les vestiges de la forteresse ont été aménagés pour la visite et accueillent diverses animations estivales.
Je croyais presque tout connaître jusqu’à ce que l’équipe qui anime le lieu (que je remercie sincèrement pour son accueil) me fasse découvrir un espace d’exposition qui complète parfaitement la visite des ruines. C’est cet espace, moins connu que les musées locaux, qui a retenu toute mon attention.
Dans un ancien local à vocation industrielle, que nous considérions (à juste titre), comme une verrue dans le paysage urbain ont été aménagées des salles d’exposition sobres et lumineuses dans lesquelles, outre une collection lapidaire d’éléments sculptés découverts sur place, sont disposés des supports pédagogiques indispensables à la compréhension de cet ensemble défensif complexe: maquettes, gravures, panneaux explicatifs… La visite permet en outre de se faire une idée des pièces d’artillerie engagées lors du siège de la place, lors de la Fronde.
Vous pourrez aussi y voir un objet auquel je suis particulièrement attaché: une statue d’aigle que j’ai eu la surprise de découvrir en 1979 tout près de l’ancien donjon. Peu majestueuse (les proportions du volatile sont plutôt celle d’un gros poulet) mais peu importe, cette pierre est, et sans doute pour longtemps, le plus bel élément sculpté trouvé au cours des fouilles de naguère.
Je serais très étonné que vous ressortiez déçu de votre visite.
Olivier Trotignon 2023