Profitant des Journées du Patrimoine, je décidai au mois de septembre d’aller photographier un monument fermé la plupart du temps, l’église de Charly, au sud-est de Bourges. Plusieurs fois déjà, je m’étais arrêté voir ce monument, notant, outre sa taille impressionnante pour une église villageoise, des remaniements extérieurs et des réemplois de pierres de taille dans les maçonneries apparentes, prouvant une étape de reconstruction affectant principalement la nef. Le transept et le clocher, remarquable par sa structure entièrement réalisée en pierre et assez semblable à certains monuments saintongeais, semblaient intacts.
J’avoue avoir été assez surpris de voir annoncer dans le programme des Journées du Patrimoine la présence de fresques romanes à l’intérieur du sanctuaire, n’ayant jamais entendu parler de Charly comme étant réputé pour ses peintures murales.
Comme promis, l’église était ouverte et l’accueil du public assuré par une dame qui m’expliqua comment l’église avait été partiellement reconstruite au XIXe siècle par un curé soutenu financièrement par la fortune d’un noble local. Cette personne m’invita à venir découvrir les fresques, que le prêtre avait décidé de retoucher et de recolorier pour les rendre plus lisibles. Je m’attendais alors au pire et, hélas, je ne fus pas déçu.
Toutes les fresques romanes, dont un calendrier complet, ont disparu sous le pinceau rénovateur du curé. Les silhouettes, divines, humaines ou animales ont été redessinées et repeintes au point que cet ensemble, qui devait être au moins aussi important que celui de l’église de Chalivoy-Milon, située dans la même région, a perdu tout intérêt pour l’historien et se regarde désormais comme une une collection d’images pieuses aux couleurs criardes.
Il demeure que l’église de Charly contient quelques éléments patrimoniaux remarquables. On y observe une rare dalle de sarcophage roman avec un décor en tuiles dont je ne connais pas d’autre exemple dans la région. Plus récentes, des stalles aux miséricordes sculptées révèlent une belle maîtrise du travail du bois par les artistes locaux à la période moderne. Une figure lupine d’un modèle rare attire particulièrement l’attention. Même dénaturées, les fresques peuvent peut-être être utiles aux historien de l’Art.
Hormis ces aménagements récents qui lui ont fait perdre une partie de son authenticité, l’église de Charly reste une étape intéressante dans la découverte du patrimoine roman en Berry.