Les historiens de la féodalité relèvent dans certaines sources l’existence d’un premier jalon souvent méconnu dans la formation des futurs chevaliers. Bien avant qu’on commence à les éduquer au maniement des armes, les futurs combattants nés dans des familles nobles gravissaient un premier échelon de leur initiation, destiné à les familiariser avec l’univers des chevaux. Les apprentis-chevaliers recevaient alors pour mission de s’occuper des montures des hommes de guerre, de les entretenir, les manipuler et, probablement, de les monter à l’occasion. Le mot galopin, dont le sens a glissé vers d’autres attitudes enfantines, désignait à l’origine cette fonction.
Le Berry conserve une remarquable représentation d’un de ces garçons, peinte sous les voûtes de l’église basse de Gargilesse, dans l’Indre. Ce sanctuaire est un de ceux avec Nohant, Brinay et Chalivoy-Milon qui offrent les plus beaux ensembles de fresques romanes de toute la région.
Le galopin qui y figure tient par la bride les chevaux des Rois mages, assis sur un rocher. Il n’est pas armé, mais tient tout de même une longue perche, pour tenir en bon ordre les trois bêtes.
Les connaisseurs apprécieront les détails des harnachements visibles sur les montures, selles de toile ou cuir et bois, mors à bascule, bride agrémentée de clous. On voit aussi très bien que les chevaux sont ferrés mais un détail intrigue: les fers sont munis de dentelures externes comme si ces chevaux étaient équipés pour monter des pentes très marquées. On utilisait encore ce genre de ferrure dans l’après-guerre pour aider les mulets qui débardaient du bois à ressortir des profonds ravins de la forêt de Tronçais.
L’avis des archéologues sur ce type de fers pourrait être intéressant pour évaluer la fréquence de leur emploi à la période romane.
© Olivier Trotignon 201