Dans le sud de la région de Montluçon, non loin de la limite entre les diocèses de Bourges et de Clermont se trouve, dans le village de Ronnet, un monument injustement méconnu du grand public mais qui a attiré depuis longtemps l’attention des archéologues et des historiens.
Sur les vestiges d’une forte motte castrale s’élèvent les vestiges d’un donjon de pierre, tronqué sur une hauteur difficile à estimer, mais qui garde une élévation significative.
Si on s’appuie sur la forme de cette construction, la tour de Ronnet peut être datée de la fin du XIIe ou du XIIIe siècle, comme la majorité des donjons de la région. Celui ci doit son salut à la faible qualité de l’appareillage général, qui inclut peu de belles pierres de taille. Les gens du village n’ont vu aucun intérêt à le transformer en carrière, tout juste l’ont-il éventré à la base pour profiter de la basse-fosse pour ménager un abri pour les animaux domestiques.
Le profil général de ce bâtiment témoigne d’un archaïsme rare qui fait tout l’intérêt de ce site. Ses constructeurs ont en fait remplacé un antique donjon de bois datant du premier âge féodal par une tour de même conception, mais imputrescible et insensible à l’incendie, gardant un faible diamètre à la base et un accès par rampe amovible à un étage élevé, comme on en voit encore sur le donjon d’Huriel ou comme il en existait, d’après les gravures modernes, au château de Montrond. Aucune meurtrière n’a été ménagée dans le tronc qui demeure, ce qui confirme le manque de modernisme de l’ensemble, prévu pour abriter un nombre réduit de combattants disposants d’armes défensives puissantes comme des arbalètes, employées à partir du sommet du donjon.
Ronnet offre donc au visiteur un intéressant exemple du passage dans nos régions des châteaux de bois à leurs successeurs de pierre. Ici, manifestement, les ambitions des architectes ont été limitées à l’imitation d’un modèle symbolique et tactique primitif: symboliser, en conservant la motte comme assise, le caractère souverain et féodal de la tour et assurer la sauvegarde d’un petit nombre de guerriers en cas d’agression.
Ailleurs, les vielles bases féodales ont été soit laissées à l’abandon, soit recouvertes par de puissants châteaux-forts, ce qui donne au donjon de Ronnet un caractère exceptionnel.
© Olivier Trotignon 2013