La période hivernale étant, avec son soleil bas et sa végétation dégarnie, propice à ce genre de visite, je suis retourné à Epineuil-le-Fleuriel, dans le sud du département du Cher, examiner le résultats des travaux de défrichement de la motte castrale du village.
L’excellente nouvelle était tombée l’été dernier. La motte, complètement délaissée par ses propriétaires, et envahie par une végétation qui rendait son terrassement indiscernable depuis la route, venait d’être acquise par la municipalité d’Epineuil. Dans d’autres lieux, une telle tractation n’aurait rien eu de rassurant, tant certaines équipes municipales restent hermétiques à tout principe de respect des vestiges archéologiques.
A Epineuil, les choses vont autrement. L’achat par la Ville de la parcelle qui abrite l’ancienne forteresse est une étape dans un long processus de valorisation de cet élément patrimonial. Bien que presque invisible faute d’entretien, la motte était signalée depuis longtemps à l’entrée du village. Son acquisition va permettre de la débarrasser de la végétation qui a envahi ses flancs. Cette opération, qui prendrait à peine un ou deux jours de travail en terrain plat à une bonne équipe de bûcherons, va être réalisée en concertation avec les services régionaux d’archéologie afin de ne faire courir aucun risque aux niveaux anciens qui pourraient être encore en place malgré quelques fouilles anciennes assez musclées.
A l’heure actuelle, seuls les fossés et les premiers mètres du terrassement ont été nettoyés. Si des ormes morts ne posent pas de problèmes techniques pour être tronçonnés et éliminés, les gros arbres qui ont envahi la plate-forme vont devoir être traités avec prudence, tant leur abattage peut provoquer de dégâts.
Une question, à laquelle je suis bien incapable de répondre, se pose et j’aimerais bien avoir l’avis des lecteurs pour produire un avis pertinent. Il existe sur la plate-forme de la motte d’Epineuil un affreux petit cabanon en briques couvert de tuiles mécaniques, verrue qu’un premier réflexe condamnerait à une élimination sans appel. Pour l’instant, la végétation le dissimule à la vue des visiteurs mais tôt ou tard sa silhouette va être révélée. La question ne se poserait pas s’il s’agissait d’un abri de jardin ou d’un rendez-vous de chasse; or, dans le cas présent, la bicoque a une histoire. Sa construction date de 1939 ou 1940 et avait été ordonnée à l’initiative de la Défense passive. Des habitants de la commune venaient y assurer une sentinelle régulière pour veiller, selon certains récits, à la sécurité des usines de Montluçon et lancer l’alerte en cas de raid aérien. Montluçon a bien été bombardé, mais par les Alliés, la guerre est finie et la masure est toujours là. Qu’en faire? La raser, au risque de faire disparaître un vestige qui intéresse l’Histoire du XXe siècle? La démonter et la reconstruire à coté? Cela n’aurait plus aucun sens. La conserver? Sur une des plus belles mottes castrales du Berry, l’effet visuel va être désastreux. La restaurer et y installer un petit espace d’information pour les futurs visiteurs? Cela donnerait une raison de la garder en état.
La question se pose à Epineuil. Je me pose aussi la question. Vos avis et remarques en la matière seront les bienvenus.