J’attire votre attention sur un petit monument roman très facile d’accès, situé à quelques centaines de mètres de l’axe Bourges-Montluçon, au cœur du village d’Estivareilles, dans le département de l’Allier. Élevé au centre d’une place qui occupe l’emplacement de l’ancien cimetière de la paroisse, le “lampier” d’Estivareilles est peut-être la dernière lanterne des morts de l’ancien diocèse de Bourges.
Au cours de mes déplacements, il m’est quelquefois arrivé de rencontrer une de ces curieuses colonnes de pierre creuses dont la fonction exacte nous échappe. Toutes se situaient dans les Charentes. Celle d’Estivareilles pourrait être le seul monument de ce type répertorié dans les Pays du Centre. Bien que peu spectaculaire, cette lanterne des morts présente, de part sa rareté, un intérêt certain.
Nous ne savons pas exactement si cette colonne abritait un feu permanent, ou si la flamme était allumée, et pour combien de temps, lors des cérémonies funèbres. L’absence de traces de fumée indique que le feu était certainement produit grâce à une lampe à huile, qui aurait donné le nom populaire de ce petit monument.
Autre particularité curieuse: cette lanterne des morts possède une pierre saillant légèrement à l’extérieur de son diamètre, qui présente des marques de grattages identiques à celles constatées sur de nombreuses églises de la région. Il est impossible de savoir si cette pratique est contemporaine de la construction de la colonne où si elle témoigne de coutumes plus récentes.
L’ extrême rareté, voire l’unicité, de ce vestige justifie qu’on s’intéresse à sa présence dans un environnement qui compte peu de témoignages médiévaux propres à intéresser les visiteurs de passage dans la région.
Si certains lecteurs ont des informations sur d’autres lanternes des morts connues dans l’espace berrichon et bourbonnais, ou dans d’autres terroirs limitrophes, leur apport pourrait être précieux pour évaluer l’importance d’un phénomène qui, quoique marginal, enrichit notre perception de l’univers spirituel des populations qui nous ont précédés.