Les ruines de la forteresse médiévale de Brosse, dans la région de Saint-Benoît-du-Sault, offrent une large palette de modes défensifs adoptés à différentes périodes par la féodalité berrichonne pour assoir son autorité sur les territoires qu'elles contrôlait.
Une forte motte féodale lenticulaire, siège d'un ancien donjon de bois, sert d'assise à l'un des plus gros donjons circulaires encore visibles dans les pays du Centre, malheureusement en partie éventré. Les fossés, taillés à même la roche, ont servi de carrière pour fournir les matériaux indispensables à la réalisation d'une enceinte en partie défendue par des tours rondes, qui peuvent dater du XIIIe siècle, comme le donjon. Ces tours ont été munies de meurtrières prévues pour de la petite artillerie au moment de la Guerre de 100 ans.
Une poterne monumentale permettait d'accéder à un vaste espace intérieur fermé au public.
La forteresse de Brosse est vieille de plus d'un millénaire. La plus ancienne date dont je dispose la concernant est 974, date à laquelle elle existait déjà, et fut l'objet d'une guerre entre Berrichons et Marchois, qui en convoitaient la possession.
Le titre de vicomte, attribué à son légitime seigneur, montre l'importance politique de la famille qui en assurait la garde. La motte est contemporaine de ce premier événement. Ce titre vicomtal, porté au cours des siècles suivant, sert d'identifiant dynastique unique à la famille qui occupe les lieux jusqu'à ce qu'un seigneur de Chauvigny, descendant d'une famille qui avait succédé aux Déols à la tête de la seigneurie de Châteauroux, se signale en 1330. On remarque, au dessus de la poterne, une pierre blasonnée portant l'écusson à six fusées des Chauvigny, dont on a un autre exemple sur l'église de Morlac dans le Cher.
Ce château, qui peut s'inscrire aux beaux jours dans un programme de découverte de ce sud de l'Indre très riche en monuments médiévaux, mérite vraiment qu'on s'y arrête.
© Olivier Trotignon 2014