Sans doute l’un des lieux les plus photographiés du sud de la région, la silhouette du château médiéval de Culan est malheureusement privée de sa pièce maîtresse, son donjon, détruit après les guerres de la Fronde dans la deuxième moitié du XVIIe siècle. Sous le pic des démolisseurs disparaissait un monument défensif qui manque aujourd’hui, avec plusieurs autres ayant subi le même sort, au patrimoine militaire berrichon.
Témoin de l’élévation dans la hiérarchie féodale de la famille de Culan, le château fut construit au XIIIe siècle sur l’emplacement d’une motte castrale antérieure élevée au XIe siècle, au moment où la famille de Déols installa un cadet de famille de ses vassaux de Lignières pour occuper la limite orientale de son territoire. Sans être d’une richesse exceptionnelle, les Culan trouvèrent néanmoins les ressources suffisantes pour élever une forteresse dotée d’un donjon, symbole du grade de seigneur obtenu par ces chevaliers quelques décennies auparavant.
Un captivant dessin de Claude Chastillon, qui a parcouru le Berry au temps du roi Henri IV, montre le château intact et permet, par comparaison avec les parties encore existantes, d’imaginer la grosse tour disparue.
Comme tous les donjons de l’époque, et ce n’est pas une surprise, le donjon de Culan était cylindrique avec probablement un élargissement à sa bases comme on en observe sur les tours intactes. Si les proportions ont été respectées par le topographe, sa hauteur ne semble pas avoir été excessive et sa toiture dépasse, sans franchement le dominer, le reste de la citadelle. A l’époque de Chastillon, il semble que les toitures avaient été reprises car les détails que donne le dessin permettent de distinguer d’anciens mâchicoulis sur lesquels repose la base de la charpente du toit, lui même agrémenté d’un lanterneau d’allure fort peu médiévale. L’arrivée, comme partout ailleurs, des armes à poudre, a rendu obsolètes nombre d’aménagements défensifs prévus pour des armes blanches. Culan n’a pas échappé à cette évolution normale de ces grands châteaux médiévaux en demeures seigneuriales plus confortables et à l’apparence moins martiale, en sécurité derrière la gueule de leurs mousquets et de leurs couleuvrines.
Privée de sa poterne et de son donjon, la forteresse de Culan n’est plus que l’ombre du puissant ouvrage que ses châtelains commandèrent à l’époque des Croisades. Les beaux restes qui s’élèvent sur les pentes de l’Arnon permettent, avec un peu d’imagination, de restituer les volumes disparus.