10 juin 2009
3
10
/06
/juin
/2009
18:22
Il est un ouvrage dont l’histoire n’a pas conservé grand trace, mais qui se signale comme une des forteresses les plus originales du Berry. Difficile d’imaginer, en effet, lorsqu’on visite l’ancien site cultuel gallo-romain de Drevant, voir se dresser un donjon médiéval au beau milieu de l’ancien théâtre antique. C’est pourtant ce lieu que choisirent les premiers seigneurs de la famille de Charenton pour fonder une curieuse forteresse aménagée dans les ruines encore imposantes de l’édifice primitif, réemployant les murs de l’amphithéâtre pour servir de chemise à un donjon de section carrée dont les fondations disparurent au XIXe siècle lors des travaux de déblaiement du site. On comprendra aisément l’attrait que Drevant a exercé auprès des premiers chevaliers. Dans une région où les ressources naturelles étaient essentiellement forestières se dressaient les ruines d’un conciliabulum antique en majeure partie bâti en gros appareil de grès, facile à réemployer. Alors que la terre et le bois étaient les matières premières les plus facilement accessibles pour les bâtisseurs des premiers châteaux, l’opportunité de récupérer d’importants volumes de pierres de taille destinait le site à une fonction militaire dont la finalité n’est pas évidente, Drevant étant, comme tout site de ce type, légèrement à l’écart des voies antiques encore en fonction après l’an 1000. C’est ainsi que s’éleva dans le périmètre de l’ arène un donjon carré dont les dimensions au sol sont assez imprécises, une chapelle castrale encore visible sur une gravure de Claude Chastillon et que fut foré un puits dont la cheminée est encore apparente aujourd’hui, et qui disposait toujours d’une margelle au temps des premières fouilles. Devant la taille du monument, et en comparaison avec la faible superficie de l’aire de la motte castrale de Charenton, il est permis de se demander si Drevant n’a pas servi de résidence principale aux premiers seigneurs de Charenton qui, comme j’ai tenté de le démontrer dans un article plus ancien, semblent avoir attiré sur place les moines marchois du Moûtier-d’Ahun pour fonder un prieuré dont l’extérieur des murs auraient pu accueillir leurs dépouilles mortelles, avant que Noirlac ne prenne le relais.
Nous relevons des traces objectives de cette étroite relation de Drevant avec la seigneurie de Charenton. Vers 1230, Robert de Drevant, prévôt d’Epineuil, confirme une donation de Renaud de Montfaucon, seigneur de Charenton. Début XVe, Guichard de Culan est reconnu comme seigneur de Drevant et de Changy et de la châtellenie de Saint-Amand, ancien fief des Charenton.
Il est possible que Drevant, avec ses hauts murs vieux de presque mille ans, ait été, avant que Saint-Amand ne s’impose économiquement, le centre de gravité de l’ancienne seigneurie de Charenton.
Published by Olivier Trotignon
-
dans
patrimoine militaire