Le château de Paudy (36)
En pleine Champagne berrichonne s’élèvent les ruines d’un château fort qui mérite toute notre attention : l’ancienne forteresse de Paudy, non loin d’Issoudun, dans l’Indre. Dans un paysage de plaine céréalière de faible relief se voit de très loin la haute tour d’entrée d’un ensemble malheureusement très incomplet dont on distingue bien la forme sur les clichés satellite du site Géoportail.
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L’ensemble était bâti sur un plan carré, l’entrée se situant face au village, au milieu de la muraille exposée au sud-ouest. La photo aérienne montre les vestige d’une tour angulaire à l’angle nord de la fortification. On peu supposer (les sources archéologiques sont rares) qu’un donjon occupait la partie centrale de la cour intérieure, comme c’était le cas pour de nombreuses forteresses régionales. Le tout était défendu par des fossés humides, en partie à sec aujourd’hui, mais qui étaient encore dans les années soixante un lieu de pêche pour les enfants du village, comme le montre une sympathique photographie trouvée sur le site Delcampe.
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La tour d’entrée garde les traces d’un puissant système de défense organisé autour d'un pont-levis doublé d’une herse et protégé par des mâchicoulis. Le tout paraît dater du XIIIe siècle, avec un ajout post-médiéval dans la façade de la tour : une grande pierre blasonnée portant les armes d’une des familles propriétaires de l’endroit. Cette tour était un lieu d’habitation en plus de sa fonction militaire: des latrines extérieures sont encore en place, évacuant les matières dans les fossés.
En cherchant dans mes notes, j’ai retrouvé ce qui semble la première mention de ce château. Dans un acte des Archives départementales du Cher se trouve l'indication d’un conflit daté de 1154 entre le seigneur Raoul d’Issoudun, qui vient de bâtir Paudy et les chanoines de Saint-Étienne de Bourges (cote 8 G 1383).
Sans doute confié à la garde d’un prévôt ou autre officier seigneurial, ce château n’est pas une seigneurie autonome et laisse très peu de traces dans les actes anciens. Ce n’est que plus tard, quand il devient la propriété de familles qui en font leur fief que la nom de Paudy se retrouve dans les archives. Je prends pour exemple un article de 1888 paru dans un Mémoire de la société des Antiquaires du Centre qui évoque la présence à une montre des nobles du Berry, à Bourges en 1491 d’un de ses seigneurs, équipé en homme d’armes avec trois chevaux. Le reste concerne la généalogie et nous donne peu d’informations sur la forteresse elle-même.
Un point important : le château de Paudy est une propriété privée. Il est inutile de venir ennuyer les gens qui habitent sur le site, le plus beau de ce qui subsiste des ruines étant accessible de l’espace public.
© Olivier Trotignon 2024 sauf : photographie satellite ©Géoportail et photo en noir et blanc ©Delcampe.