Aucun connaisseur sérieux du patrimoine médiéval ne pourrait passer sur la petite route qui relie le bourg de Mers-sur-Indre au village d’Ardentes sans manquer de remarquer, au lieu-dit Presles, les vestiges d’une volumineuse motte féodale érigée à quelques dizaines de mètres du cours de l’Indre. Naïvement, un panneau l’indique comme tumulus, qualification reprise, comme pour d’autres sites médiévaux, par l’Institut Géographique National sur ses relevés topographiques.
Si certains peuvent encore hésiter entre les deux appellations, et donc entre deux époques, le site de Presles est incontestablement médiéval. Ce modèle de motte lenticulaire, cernée de fossés encore apparents, est une construction classique souvent observée à la période paléo-féodale, fin Xe ou XIe siècle.
Les archives régionales confirment cette ancienneté. Si le Fulco de Praella cité par le cartulaire de l’abbaye de Vierzon en 1018 est un simple indice, et peut-être un homonyme, le cartulaire du prieuré limousin d’Aureil signale qu’un certain Ugo de Praelis était, vers 1100, proche de grands seigneurs régionaux comme Adalard Guillebaud, Déols et Lignières. Régulièrement, au cours des siècles suivants, les monastères locaux - Orsan, la Prée, le Landais, la Vernusse - reçoivent des dons de la famille de Presles. Autre indice de puissance, cette participation d’Hubliers de Praele, en 1254, à la chevauchée du comte d’Anjou en Hainaut aux cotés des seigneurs de Déols, Culan, Sully et Sancerre. Il est possible que les de la Presles, chevaliers et damoiseaux à Faverdines, dans le Cher, au XIIIe siècle, soit une branche cadette des seigneurs de l’Indre.
Ces données textuelles expliquent l’importance du volume de la motte de Presles, d’une hauteur estimée à une vingtaine de mètres selon le site internet de la commune de Mers-sur-Indre. Ce monument n’est hélas pas intact. La forme en cratère de la butte féodale s’explique par des soustractions de remblais à des fins diverses, comme on le voit sur d’autres vestiges régionaux, transformés en carrières.
La vraie surprise qui attend le visiteur n’est pas la motte en elle-même, aussi impressionnante soit-elle, mais, dans le taillis juste au sud, la présence d’un second ouvrage circulaire ceint de fossés, lui même accolé à une vaste structure fossoyée polygonale, relief probable d’une basse-cour. Sur le cadastre napoléonien, cette partie est qualifiée de « cimetière » et la parcelle arrondie de « chapelle ».
Sans vouloir m’avancer sans un relevé précis de toute la structure -il s’agit d’une propriété privée dont les propriétaires n’interdisent pas l’accès, ce qui n’est pas une raison pour abuser de leur largesse- nous sommes peut-être à l’emplacement d’un habitat seigneurial permanent, plus confortable que le donjon antérieurement bâti sur la motte, ayant accueilli une chapelle. A l’abandon du site, l’ancienne basse-cour peut avoir abrité des sépultures, comme c’est le cas en Berry autour d’une foule d’édifices religieux.
La motte, ou plutôt l’ensemble castral de Presles se révèle donc un lieu d’un très grand intérêt pour l’histoire régionale.

©Géoportail
© Olivier Trotignon 2019
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