Le reliquaire de saint Menoux (abbatiale de Saint-Menoux - 03)
Située au sud de l’ancien diocèse de Bourges, dans l’actuel département de l’Allier, l’abbaye bénédictine féminine de Saint-Menoux était détentrice de plusieurs reliques attribuées à son saint éponyme, conservées dans un curieux reliquaire encore facilement accessible de nos jours. La réputation de ces vénérables ossements est encore aujourd’hui établie tant auprès des croyants que des curieux attirés par le caractère insolite des pouvoirs attribués à cette châsse de pierre: la guérison des maladies mentales et des troubles cérébraux.
Élevée derrière le chœur de l’abbatiale, la structure contenant les reliques se présente sous la forme d’un sarcophage de petite taille, séparée en deux compartiments. Une niche vitrée abrite d’un coté les restes osseux. De l’autre, dans un petit logement situé dans la partie supérieure du sarcophage se trouve une ouverture destinée à accueillir la tête des malades venus implorer l’intercession de saint Menoux pour obtenir leur guérison de toute une palette de maux allant de la migraine à la folie. Certains récits font part de malheureux, maintenus de force la tête dans ce réduit, qui se seraient brisé les dents en se débattant.
Fidèle à une tradition remontant à l’époque où les gens de la contrée parlaient en patois bourbonnais, on continue à nommer le reliquaire de saint Menoux “débredinoire” - qui se prononce soit dé-bre soit dé-ber -dinoire - en référence à ce mot de la langue populaire - le bredin - qui désigne les simples d’esprit. Certains s’y rendent pour le folklore mais d’autres demeurent convaincus des vertus de l’endroit, y menant des pratiques souvent assez éloignées de l’orthodoxie voulue par l’ Église. Il y a une vingtaine d’années, une petite pancarte manuscrite pendue par le curé rappelait l’interdiction de déposer dans la chasse des pièces de monnaie et des épingles, tradition observée autour de certaines fontaines dites miraculeuses de la région.
Saint Menoux présente donc, outre l’originalité du petit monument, un intéressant témoignage d’une pratique universelle qui consistait à venir quérir la médiation d’un saint pour obtenir la rémission de pathologies très diverses, pour lesquelles la médecine, aux moyens dérisoires, n’avait aucune solution à proposer. A l’occasion de recherches généalogiques dans des registres paroissiaux, il se trouve parfois des références à des reliques jusque là ignorées dont l’origine peut-être vaticane, mais aussi remonter à un passé totalement opaque. Ces mentions, quelquefois médiévales mais le plus souvent modernes, sont une source précieuse pour qui s’intéresse à l’histoire de la médecine. Saint-Menoux s’inscrit ainsi, et pendant plusieurs siècles, dans une géographie tant sacrée que thérapeutique, que seuls les progrès de la science parviennent à dépasser.
Outre son reliquaire, l’église de Saint-Menoux conserve de beaux chapiteaux romans et quelques restes lapidaires de la même veine. Non loin de Bourbon-l’Archambaud, de la prieurale et du musée de Souvigny, ce lieu peut facilement trouver sa place dans un petit circuit de découverte du patrimoine médiéval du bocage bourbonnais.