Les visiteurs réguliers auront remarqué une baisse d’activité sur ce blog depuis plusieurs semaines. Conseils de classe, corrections d’examens et récolte de foin pour la pitance hivernale de mes treize ânes sont des tâches saisonnières auxquelles je ne peux me soustraire. De plus, la préparation de deux conférences inédites, dont une qui sera annoncée prochainement à la Tour de Vesvre, en juillet, m’a éloigné encore plus de mes archives de textes et photographies.
C’est pourtant grâce à ma dernière animation que j’ai pu récolter quelques images d’un lieu méconnu, car le plus souvent fermé au public, qui intéressera les amateurs d’architecture en bois.
La salle dite des Carmes, à Saint-Amand-Montrond, est le produit de la division du volume intérieur de l’ancienne abbatiale du couvent des Carmes en deux étages. Un premier niveau, occupé par des services administratifs, n’a aucun intérêt patrimonial. L’étage, en revanche, permet d’avoir une vue générale sur la magnifique charpente, que je présume être de chêne, datant de la fin du Moyen-âge. Muni d’un éclairage portatif puissant, et de mon éternel petit appareil-photo numérique, j’ai profité de la liberté que j’avais de circuler dans la place pour prendre quelques vues avant d’accueillir le public pour ma conférence de samedi.
Les bâtisseurs du couvent ont fait le choix du bois pour couvrir la nef de l’abbatiale. Ceci répondait-il à des impératifs oubliés aujourd’hui, coût de construction, rapidité d’exécution du chantier? La largeur de la nef, supérieure à celle de toutes les abbayes locales, explique peut-être à elle seule qu’on ait préféré le bois à la pierre. Le poids énorme de la voûte aurait exigé le montage d’arcs-boutants extérieurs si larges que le terrain dont disposaient les moines n’aurait sûrement pas suffi à leur fournir au sol une base suffisante. Le monastère, construit dans un espace urbain déjà très dense, subissait des contingences très terre-à-terre, telle la nécessité de louer à ses voisins cisterciens une parcelle pour y édifier des latrines.
Le bois donnait aussi à l’intérieur de la nef un aspect plus délicat que celui de la pierre, qui compensait la perte acoustique inévitable avec ce matériau.
On remarquera les magnifiques poutres engoulées sur lesquelles repose la charpente.
Cette salle municipale n’est ouverte au public que lors de manifestations culturelles ou politiques et, donc, assez difficile d’accès.
© Olivier Trotignon 2014