Des outils logiciels très simples d'emploi et disponibles sur internet permettent un utile croisement des sources. Ainsi, par un simple passage en revue des images aériennes et satellites disponibles sur la région d'Ainay-le-Vieil, dans le Cher, il a été possible de localiser l'emplacement d'une ancienne maison forte de la fin du Moyen-âge, complètement arasée, mais bien visible sur le cadastre napoléonien de la commune de la Celette, à l'époque où celui-ci était encore détenu en mairie. Les prospections à vue sur le terrain n'ayant rien donné, c'est par les airs que nous pouvons retrouver la trace de cette ancienne micro-forteresse.
Rappelons que les maisons fortes sont parfois confondues avec les mottes castrales dans l'esprit du public averti. La motte castrale est le vestige d'un ancien château de bois construit à partir du XIe siècle principalement, sur un tertre assez élevé par des apports de remblais extérieur à l'ouvrage. Ces mottes, sièges d'un pouvoir féodal structuré à un niveau supérieur de la hiérarchie politique locale, sont assez peu nombreuses et sont souvent l'amorce d'un foyer urbain.
Construites par la petite aristocratie à la fin du Moyen-âge, les maisons fortes sont plus nombreuses en secteur rural. Constituées d'une douve séparant une plate-forme du relief ordinaire, elle accueillaient le plus souvent de grosses demeures fortifiées dont le bois était le matériau principal. Si beaucoup ont été abandonnées ou se sont transformées en de simples exploitations agricoles, quelques unes ont évolué en petits châteaux-forts ou hôtels particuliers à la période post-médiévale.
Le cas du château de la Lande est intéressant, car il traduit bien la fragilité de ce genre de petit patrimoine militaire. Préservé pendant des siècles dans un paysage de bocage à toutes petites parcelles, il est totalement arasé lors du remembrement qui défigure la commune de la Celette dans les années soixante-dix. Cette destruction est ignorée des archéologues de l'époque. Les photographies aériennes verticales permettent de retrouver la forme primitive des fossés comblés, au milieu des traces des bûchers du remembrement.
J'invite toute personne qui aurait pu avoir le loisir d'observer de tels vestiges par hasard ou par une prospection méthodique d'en communiquer les détails aux services d'archéologie départementale, pour favoriser la mise en œuvre de mesures de sauvegarde en cas de menace ultérieure.