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A l’époque du roi Henri IV, Claude Chastillon, topographe et architecte au service de son souverain, parcourt la France en réalisant des centaines de croquis de places fortes, villes, monuments remarquables et plans de grandes batailles.
De sa visite en Berry demeure une quinzaine d’estampes croquant quelques villes et monuments ayant peu de rapports les uns avec les autres. On s’étonne de certaines absences: de passage en vallée du Cher, le topographe dessine les ruines gallo-romaines de Drevant et celles, médiévales, du château d’Orval, mais semble de pas s’être arrêté devant la forteresse de Montrond, une des places-fortes les plus monumentales du secteur. Il se peut que des dessins se soient perdus avant l’édition posthume de son œuvre, qui reste un témoignage irremplaçable sur l’état patrimoine monumental régional à l’aube du Grand siècle.
L’amphithéâtre de Drevant
C’est le plus vieux monument de l’ancienne province de Berry qui apparaît dans le recueil de dessin de l’ancien géographe. Déjà partiellement remblayée à l’époque moderne, l’enceinte antique conserve des traces de son passé médiéval, à savoir les restes de la chapelle castrale attenante à l’ancien donjon des seigneurs de Charenton. Le puits contemporain du château, encore visible aujourd’hui, est aussi figuré. Un détail curieux attire l’attention: on remarque une sorte de ruisseau qui s’écoule vers le Cher et qui traverse le périmètre de l’ancien théâtre. Sachant que l’ensemble se trouve à faible distance d’un établissement thermal, probablement à caractère religieux, alimenté par au moins deux aqueducs, se pourrait-il que l’un d’entre eux ait été crevé et perde son eau au moment de la visite de Chastillon?
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Le château d’Orval
De ce château qui fut au centre d’une puissante châtellenie ne demeure aujourd’hui presque aucune trace. Le croquis est sommaire mais permet d’identifier plusieurs éléments de l’ancienne forteresse, dont un donjon, une tourelle d’escalier menant à des étages dont ne restent que les anciennes croisées. Très précis sur les aménagements militaires, Chastillon dessine avec une certaine précision l’ancienne barbacane défendant l’entrée de l’ensemble fortifié. Nous connaissons un autre exemple de ce type d’aménagement devant l’emplacement du château de Belleperche, dans l’Allier. En général, ces ouvrages défensifs datent de la Guerre de 100 ans. Deux poivrières, ou latrines, apparaissent aux angles du rempart.
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La ville fortifiée de Bruère-Allichamps
Chastillon, qui suit la vallée du Cher, s’attarde sur un ensemble qui n’a rien de spectaculaire, Bruère-Allichamps, modeste ville fortifiée et déjà fortement délabrée dont il exagère les proportions.
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Le château de Meillant
Le tableau conserve le souvenir de cette belle enceinte fortifiée médiévale fortement embellie à l’époque de la Renaissance, et permet d’imaginer à quoi ressemblait l’ensemble avant que soit rasée une partie des bâtiments et des remparts.
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Culan
Autre place-forte fortement amputée d’une grande partie de ses défenses, Culan, à l’époque de Chastillon, possède encore sa porte et son gros donjon circulaire.
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Boussac et Châteaumeillant
La première dans la Creuse, et la seconde dans le sud du Cher, Boussac et Châteaumeillant
apparaissent, sous le trait de crayon de Chastillon, comme des villes d’une étendue et d’un patrimoine bâti considérables. Les proportions, comme ailleurs, sont suspectes. La motte castrale du premier château de Châteaumeillant, de dimension ordinaire, semble démesurée. Les deux dessins restituent, comme dans les cas précédents, des éléments de paysages urbains depuis longtemps démolis.
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Le Châtelet en Berry
Proche de Châteaumeillant, cette bourgade au riche passé féodal, n’est plus reconnaissable aujourd’hui, son très important château-fort ayant perdu la majeure partie de ses défenses. On remarque quand même la présence, sur la colline au nord de la cité, la petite abbaye de Puyferrand.
Chastillon s’était perdu dans ses notes, plaçant la ville « en la marche du Limousin » qui, certes, n’est pas très éloignée vers le Sud.
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Dun-sur-Auron, anciennement Dun-le-Roi
Là encore, le dessinateur exagère les proportions de cette belle ville dépendant du domaine royal depuis le XIe siècle, jusqu’à la rendre méconnaissable. Le donjon de Philippe Auguste semble intact.
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La grosse tour de Bourges
Autre donjon augustéen, la grosse tour est le seul monument de Bourges croqué par Chastillon qui s’intéressait, faut-il le rappeler? essentiellement au patrimoine militaire. Il existe d’autres dessins de ce donjon, qui confirment tous l’importance considérable de cette tour dans le paysage urbain berruyer.
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Le donjon de Châtillon-sur-Indre
Beaucoup plus à l’ouest, aux portes de la Touraine, Châtillon était elle aussi protégée par un gros donjon cerné par une enceinte. On observe que la ruine a commencé à frapper cet ensemble, dégarni de sa toiture, dont les murs commencent à s’effondrer et à être gagnés par la végétation.
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Le siège de Sancerre
Des estampes ramenées du Berry par le topographe, celle qui figure Sancerre est la plus incertaine, non pas sur la localisation, mais sur la précision du trait et l’exagération manifeste de la hauteur des bâtiments. Projet unique en Berry, mais connu ailleurs dans le royaume, le dessin ne représente pas la ville de Sancerre mais le siège qu’elle a subit en 1573. Le tableau intéressera plus les spécialistes d’histoire militaire que le médiéviste, de nombreux détails sur les aménagements offensifs y sont visibles.
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Les châteaux de Souesmes, La Motte-Beuvron, Beaugy et Jussy-Champagne
Etant très peu renseigné sur ces quatre places dessinées par Chastillon, je me contenterai de reproduire ici les estampes qui les concernent. Seul le château de Beaugy présente des reliefs médiévaux observables, ruinés au moment du passage du dessinateur.
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© Olivier Trotignon 2025
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