Les quelques lignes qui suivent n’ont rien à voir avec mes recherches habituelles, mais m’ont été inspirées par une récente visite du Palais Jacques-Cœur à Bourges.
Passant les concours de l’Education nationale dans les années 90, je m’étais inscrit à une journée de découverte du palais pour les personnels enseignants, titulaires ou non. L’animateur de cette session nous avait fait visiter les caves de l’édifice, et ainsi découvrir une curieuse collection d’œuvres déclassées, ayant trôné un temps dans les salles du palais avant d’être reléguées là à cause de leur caractère anachronique ou d’erreurs stylistiques.
Sous ces voûtes centenaires nous fut racontée une curieuse anecdote.
Alors que le palais du grand argentier était en pleine mutation, au XIXe siècle, disparut un des tableaux ornant ce qu’il est convenu d’appeler la tribune des musiciens, dans la salle de réception connue sous le nom de Salle des festins. Au moment de la restauration du monument, il fut décidé de remplacer la pierre manquante par une copie exécutée par les tailleurs de pierre engagés dans l’embellissement de l’édifice, privé de plusieurs de ses ornements médiévaux. L’endroit aurait pu rester en l’état jusqu’à ce qu’un habitant de Bourges, propriétaire d’un garage et ayant fait l’acquisition d’une automobile, décide de débarrasser le dit garage de divers mobilier l’encombrant dont une grande dalle de pierre, posée sur champ, comme on peut l’imaginer.
La surprise fut totale lorsque que les hommes chargés de déplacer la dalle, en la retournant, découvrirent une frise de coquilles saint-Jacques et de cœurs polychromes, plaquée depuis un temps indéterminé contre le mur du garage.
Le parement médiéval retrouva le palais où, après avoir déposé sa réplique, on put le remettre à sa place primitive.
Le fac-simile, devenu totalement inutile, fut entreposé dans les sous-sols, parmi d’autres œuvres récentes et délaissées, mais ayant toutes, d’une façon ou d’une autre, contribué à la très riche histoire de la demeure berruyère du célèbre Jacques-Cœur.
© Olivier Trotignon 2024