J’écris ces quelques lignes principalement à l’intention des lecteurs éloignés du département du Cher, qui n’auraient pas accès à la presse locale.
Cette presse a, dernièrement, abondamment commenté un évènement que beaucoup de monde, dans la région, espérait: le château de Culan a enfin trouvé de nouveaux propriétaires. Ceux-ci, sitôt la vente conclue, ont invité la population, les élus, les représentants de la République, la presse, à venir les rencontrer dans la cour du château, afin d’exposer leurs projets pour la forteresse.
L’historien que je suis se réjouit de cette nouvelle, à plusieurs titres.
Les acquéreurs ne sont pas des amateurs en la matière. Forts d’une longue expérience acquise après l’achat de plusieurs forteresses médiévales, une en Auvergne et l’autre dans le Berry, ils savent exactement à quoi ils s’attaquent. Ils ne s’agit pas d’obscurs investisseurs plus attirés par des avantages fiscaux que par la qualité du monument, et encore moins de grands enfants gâtés jouant avec un château Playmobil grandeur nature.
Nous l’avons bien compris, Culan ne rouvrira pas au public avant que d’importants travaux de consolidation des structures médiévales aient été réalisés. Les toitures des deux tours flanquant la façade la plus connue sont proches de la ruine et devront être bâchées. Culan aura longtemps l’aspect d’un chantier garni d’échafaudages, pas très esthétiques, mais nécessaires. Aucune date ne peut être avancée pour une future réouverture de l’ensemble à la visite.
Le château de Culan occupe une place à part dans le cœur des régionaux. Il a un impact paysager exceptionnel car visible d’une route très fréquentée. Longtemps, il a accueilli des expositions prestigieuses et a été un moteur de l’économie locale. Il a même été l’objet de légendes, l’une d’elle affirmant que Jeanne d’Arc y aurait séjourné, fait depuis longtemps démenti par l’historien Emile Chénon.
Pour moi, Culan est une sorte de borne dans mes recherches, ayant découvert ses premiers seigneurs dès 1984, année de mon inscription en Maîtrise. Le voir protégé et mis en valeur me réjouit.
© Olivier Trotignon 2024