Une récente conférence « L’armée d’Ecosse au secours du royaume de France, 1419 - 1429 » présentée par m. Patrick Gilles m’a rappelé une curieuse légende qui circulait naguère (et peut-être encore aujourd’hui?) autour de la forêt de Tronçais, dans le département de l’Allier.
Des vétérans écossais se seraient établis dans cette partie du Bourbonnais non loin de l’endroit où s’étendrait quelques siècles plus tard l’étang de Pirot.
En souvenir de cette occupation calédonienne, le lieu aurait été baptisé « Les Ecossais ».
Le fait que des combattants venus des hautes terres d’Ecosse soit venus soutenir le roi Charles VII dans sa guerre contre le roi d’Angleterre est abondamment documenté et irréfutable. La présence de certains de ces mêmes soldats aux abords du ruisseau de la Marmande, elle, en revanche, ne semble aucunement renseignée. Une recherche dans la littérature scientifique produite sur cette période de la Guerre de cent ans ne donne aucun résultat.
Je me permettrais donc d’envisager une piste phonétique pour expliquer l’origine de ce toponyme intriguant.
Dans le département du Cher, tout proche, peuvent être relevés plusieurs noms de lieux connus sous l’appellation « les Ecoussats ». Ce terme est à rapprocher d’un verbe en moyen français, « escousser » (source CNRTL) signifiant secouer, battre le lin ou le chanvre, pour le débarrasser de ses impuretés (ancêtre du moderne "écosser").
Remarquant que le lieu-dit « les Ecossais » se trouve tout près de la Marmande, et que de nombreux petits cours d’eau servaient aux population riveraines pour faire rouir les fagots de chanvre, le toponyme peut s’expliquer sans faire appel à l’"Old alliance » entre la France et l’Ecosse.
Des approximations phonétiques sont parfois observées sur des cadastres, dessinés par des géomètres ne possédant pas les accents régionaux. Il existe un bois nommé sur les cartes « l’Affourée », en vallée du Cher. Je suppose que le topographe n’a pas compris qu’en patois berrichon, « la forêt » ne se prononçait pas de la même manière que là d’où il était originaire. C’est probablement une méprise similaire qui a transformé un Ecoussat en Ecossais.
© Olivier Trotignon 2024