La motte féodale et les premiers seigneurs de Bommiers (36)

Publié le par Olivier Trotignon

Ouvert exceptionnellement par son propriétaire lors des Journées du Patrimoine 2017, le château de Bommiers, dans l’Indre, est un lieu d’intérêt majeur pour qui s’intéresse au patrimoine militaire des pays du Centre. Cette immense ruine de plus de quatre hectares forme un ensemble beaucoup trop complexe pour être examinée dans un simple article, aussi nous contenterons nous d’observer l’élément particulier que forme la motte castrale primitive à l’origine de ce vaste ensemble fortifié.

 

 

La motte de Bommiers peut-être qualifiée de féodale. Contrairement à d’autres de ses homologues régionales, elle matérialisait le siège d’une des plus importantes seigneuries du diocèse berrichon. Assez éloignée du centre du bourg, la première résidence des seigneurs du lieu s’élève dans un environnement humide propice à l’alimentation permanente de ses fossés. Sa basse cour, distante de plusieurs dizaines de mètres, occupait peut-être toute la superficie de l’actuelle haute cour entourée de murailles postérieures, mais aucune fouille sérieuse ne permet d’étayer ou d’infirmer cette supposition.

 

 

Outre son volume qui fait d’elle un des plus gros ouvrages de terre des environs, la motte de Bommiers conserve la trace de plusieurs aménagements successifs souvent disparus ailleurs.A l’emplacement du donjon quadrangulaire primitif élevé par les premiers chevaliers de Bommiers a été bâti en moellons calcaire un second donjon, de section circulaire, dont la base est encore visible. Cette tour, de réalisation moins soignée que la chemise qui l’entoure, peut avoir été construite au cours des dernières décennies du XIIeme siècle.

 

Très impressionnante autant par sa taille que par l’élaboration de son plan interne, la chemise extérieure, encore en partie dissimulée sous le lierre, s’inscrit dans un vaste programme de fortification observé dans de nombreux châteaux et villes de la région. Flanquée de tours à plusieurs étages avec peut-être des salles basses, équipée de grandes archères, la chemise et son donjon forment alors un élément autonome pouvant tenir un siège même en cas de perte du reste de la forteresse.

 

 

Les archives régionales et extra-régionales nous livrent un certain nombre d’informations sur la famille qui possédait cette place forte, connue dès 1046 par un acte de l’abbaye bénédictine de Saint-Sulpice de Bourges. Mes dépouillements me permettent de la suivre régulièrement jusqu’au moins en 1269, date à laquelle se manifeste pour la dernière fois un Robert de Bommiers, héritier d’une longue tradition patronymique respectée depuis le milieu du XIème.

Entre temps, les Bommiers se dépouillent au profit de nombreux monastères, parfois très éloignés du cœur de leur fief : la Chapelle-d’Angillon, Orsan, Chezal-Benoît, Fontmorigny, Beauvoir, jusqu’à Bénévent, dans la Marche.

Leur influence grandit -ce qui est compatible avec l’importance de leur château- jusqu’à devenir seigneurs d’Huriel (1252) et Montfaucon (1254).

Les plus fidèles lecteurs de ce blog se souviendront peut-être d’un ancien article à la mémoire d’une dame de Bommiers, victime d’empoisonnement et partie quérir sa guérison auprès de médecins du Languedoc, au XIVème siècle.

L’ensemble fortifié de Bommiers, situé au lieu-dit « les Minimes », est une propriété privée dont les propriétaires ne souhaitent pas être importunés par des visites intempestives, en partie pour des questions de sécurité, ce qui se conçoit aisément. Je recommande de suivre les programmes des futures Journées du Patrimoine, qui devraient être l’occasion de découvrir la forteresse de manière encadrée et sécurisée.

 

© Olivier Trotignon 2017

Publié dans patrimoine militaire

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C
Bonjour,<br /> Je vous demande si possible qui a diriger la construction du Couvent des Minimes à Bommiers sur instruction du seigneur de la Trémoïle
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O
Désolé, je n'ai pas de réponse à votre question. Bonne soirée.
S
Sybille, fille de Renaud II de Montfaucon, aurait porté cette seigneurie par son mariage à Robert II de Bommiers (2ème quart 13ème siècle; info Max de Laugardière). S'agit-il du même Bommiers? Ceci expliquerait alors peut-être pourquoi ils ont fait des dons à Fontmorigny.
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O
Il m'est difficile de vous répondre, l'auteur que vous citez n'étant pas référencé dans ma bibliographie. En revanche, début XIIIe, j'ai déjà relevé cinq Robert différents depuis 1064. Autre divergence: le couple Renaud de Montfaucon (je n'utilise pas de numérotation dans mes recherches, pour éviter les anachronismes) - Mathilde de Charenton a perdu tous ses enfants, laissant les deux fiefs sans héritiers. La première relation Bommiers/Fontmorigny date de 1269. <br /> Bonne journée,<br /> O. T.
L
Bonjour, Intéressant mais quels sont les seigneurs ayant habité cet ouvrage? Merci!
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L
Merci quand même! ;)
O
Mon texte n'est peut-être pas assez précis sur ce point: ce sont des féodaux, nommés de père en fils Robert de Bommiers, qui occupent la place depuis le XIe. Impossible de savoir plus de choses sur l'origine de cette famille. <br /> Bien à vous,<br /> O. Trotignon
S
Intéressant! Les deux premières vues montrent-elles un ouvrage "emmotté", voire implanté sur une motte pré-existante, ou les talus sont-ils constitués d'éboulis?
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